Voici un courrier de l’ancien président du Conseil général du Haut-Rhin adressé au journaliste François Lenglet, où il revient sur son bilan politique.  Les informations qu’il contient ne devraient pas manquer d’intéresser les citoyens que nous sommes. Personnellement, j’espère pouvoir vous proposer un entretien avec Charles Buttner, où j’aimerais le questionner sur ce qui s’est réellement passé avant le référendum de 2013. Je vous remercie pour votre patience et votre indulgence, chers internautes, hewwemi.net est un média indépendant, et bénévole !

 

 

 

Colmar, le 8 avril 2015,

 

 

Cher Monsieur,

Vous venez de me faire un magique cadeau… Merci !

Auparavant, nous nous étions rencontrés à Strasbourg lors de la présentation de votre livre « La fin de la mondialisation ». Invité en tant que Président du Conseil Général du Haut Rhin, j’avais énormément apprécié votre contact direct, vos analyses, que je partage pleinement. Que du bonheur…

Mais, si je vous écris aujourd’hui, c’est pour vous remercier d’avoir mis en évidence lors de votre chronique économique de mardi 31 mars 2015, l’excellence de la gestion du Haut Rhin par son Conseil Général. A la veille de ma « pose d’arme politique », entendre de votre bouche, sur une antenne aussi prestigieuse que celle de RTL, que le Haut Rhin a le coût de fonctionnement de la collectivité par habitant le plus bas de France, a été pour moi une récompense publique au-delà de toutes mes attentes.

Il est vrai que chaque jour de ma présidence du Conseil Général, depuis avril 2004, je n’ai cessé, contre vents et marées, centralisateurs notamment, de me battre pour toujours améliorer la performance de ma collectivité, obtenir le meilleur service à la population au meilleur coût. Pour ce faire, j’ai entrepris de cultiver à tous les niveaux, la proximité et la transversalité, de développer des démarches-qualité au sein des services de la collectivité, pour obtenir, à ce jour, douze périmètres certifiés ISO 9000, ce qui constitue, parmi d’autres, l’un de nos titres d’excellence.

Je vous joins à ce courrier, avec beaucoup de plaisir le rapport « Haute-Alsace, Un temps d’avance », (cliquer ici) outil de transition, établi à la veille de ma fin de mandature, par la société conseil PARRESIA. Ainsi vous pouvez disposer d’un maximum d’informations sur la gestion de la Collectivité du haut-rhinoise.

C’était dans le bonheur que je menais de front mes deux passions dans le service public, qui ne cessaient de s’enrichir l’une de l’autre, celle d’élu du peuple, bien sûr, et celle de ma mission de Proviseur de grands lycées polyvalents, qui me comblait.

Mais en France et sa politique, l’excellence, que je croyais hautement exemplaire, n’est en fait pas gratifiante. Les plus vertueux seront les plus taxés, les premiers de classe seront suspects. L’excellence attire la défiance, sinon le rejet par les pouvoirs (politique, politicien, administratif, syndical et des médias) fédérés par le jacobinisme. Et ces pouvoirs prospèrent complètement hors sol, confinés « à l’intérieur du périph », en se livrant leurs guéguerres picrocholines dans le calme de l’œil du cyclone qui dévaste la France et ses territoires.

A 65 ans, j’ai décidé de passer le témoin aux espoirs de la jeune génération, même si je ne l’ai pas fait de gaîté de cœur. C’est ainsi que je continuerai de lutter pour une vraie décentralisation, pour plus d’autonomie dans les territoires, et l’Alsace plus particulièrement, mais, autrement. Quand, dans le tumulte de la création des treize grandes régions, le Premier Ministre Manuel Valls a convoqué les trois présidents des trois collectivités Alsaciennes, le 24 octobre dernier, il a résumé tous les enjeux :  « Moi, Catalan, je vous comprends parfaitement, vous les Alsaciens. Mais, dans le rôle qui est le mien, mon obsession est de trouver des majorités ». Tout était dit. On ne construit pas des majorités en recherchant l’excellence, on nivelle toujours par le bas, et pourquoi pas le dire, dans la médiocrité ? Pour moi, c’était devenu insupportable.

En vous remerciant du fond du cœur pour vos chroniques et plus particulièrement pour celle du 31 mars dernier, je vous prie de croire, cher Monsieur, en l’expression de mes sentiments distingués.

Charles Buttner