La France, elle en est fière et considère ça comme un avantage sur tout autre système, est un état centralisateur. En clair, toutes les décisions se prennent à Paris. Je me souviens, par exemple, de l’ouverture d’un cinéma à Cernay qui devait attendre l’autorisation de Paris, de tête, du Centre National du Cinéma, pour ouvrir ses portes. Mais au nom de quelle logique faut-il que nous acceptions une telle soumission ? Ne sommes-nous pas assez grands et responsables pour savoir si une commune peut ouvrir ou non un cinéma ? Je m’enporte… revenons au sujet de cet article pour répondre à cette question de savoir si un état centralisateur comme la France peut se dire démocratique ?

A travers l’exemple que je viens de citer, vous aurez compris que nous sommes très loin des principes démocratiques et de son corrolaire, la subsidiarité. Je rappelle que la subsidiarité consiste à traiter un problème au niveau de ceux qui sont concernés par le problème. En l’espèce, ouvrir un cinéma à Cernay, relève de la volonté des élus de la ville, des investisseurs si la structure est privée, et des habitants qui pour X raisons peuvent ne pas avoir envie d’un cinéma ou au contraire, n’attendent que ça. Mais en quoi le CNC doit-il donner une autorisation ? Qui plus est, on peut parier que ceux qui vont donner cette autorisation, n’ont sans doute jamais mis les pieds en Alsace et encore moins à Cernay, puisque, comme chacun le sait, le métro parisien ne vient pas jusqu’à chez nous.

Une autre façon d’aborder la question relève du système des impôts. En Suisse, on paye ses impôts à la commune, au canton et à l’état fédéral. On sait ainsi pourquoi on paye en voyant des résultats concrets. En France, on a un système qui consiste à laisser Paris collecter tous les impôts et décider seul de la répartition de ceux-ci. Ainsi, avec le système des subventions, Paris tient les maires de toutes les communes de France, non pas par la partie pendante de l’appareil reproducteur masculin, puisqu’il y a des femmes maires, qui sont souvent aussi des mères, maires. Mais elle les tient par un système qui oblige lesdits élus, à faire des courbettes aux Préfets et aux élus nationaux pour obtenir leur obole. Nos maires sont obligés d’être des mendiants soumis, voilà une triste réalité.

En Alsace, il y a une anecdote que raconte notre grand historien Bernard Wittmann. En 1975, quand l’Alsace payait 4722 francs d’impôts, elle recevait en retour de Paris l’énorme somme de 508 francs. On payait 9 à l’époque, pour recevoir 1. Nos autoroutes toujours gratuites aujourd’hui ont été financées par les Alsaciens eux-mêmes… Sans le pillage de l’état centralisateur français, nous serions toujours une région prospère.

Prenons un autre exemple des grands avantages de la centralisation parisienne et parlons de la coopération avec nos voisins allemands et suisses. Par exemple au sein de la Regio. Nos voisins, rappelons-le, sont des états fédéraux et les cantons et länder qui nous font face ont les compétences requises pour gérer les accords internationaux avec les voisins. Nous, en Alsace annexée par la France, nous sommes priés d’inviter le Préfet, un type venu d’ailleurs, qui ne comprend rien à notre culture et bien souvent même pas l’allemand, qui doit nous donner l’autorisation de bouger le petit doigt et d’engager le moindre euro de dépense… N’oublions pas que la compétence internationale relève de Paris. On pourrait aussi parler du respect de la parole donnée, quand, par exemple, la France s’engage à financer conjointement avec la Suisse, deux tranches du tramway de Bâle sur Saint-Louis. Une première jusqu’à Saint-Louis même, une seconde jusqu’à l’aéroport EuroAirport de Bâle-Mulhouse. Les Suisses, confiants, ont lancé la première tranche et, quand elle fut achevée, ce sont entendre dire par Paris qu’il n’y avait plus le budget pour la seconde tranche…

On le voit, un état centralisateur ne respecte pas la subsidiarité, collecte l’impôt sans avoir à s’expliquer sur son usage et le distribue selon son bon vouloir et bloque les initiatives locales des collectivités frontalières, sans que l’on puisse compter sur la parole donnée.

Ces quelques exemples, il y en a encore pléthore en stock, démontre qu’un état centralisateur n’est pas et ne peut pas être démocratique. Dès lors, quand j’entends un ministre de l’Intérieur soutenir que des manifestants s’attaquent à la démocratie, j’ai souvent une furieuse envie de mettre un coup de pied à l’endroit où un état centralisateur se colle la démocratie.