Il faut sauver notre « démocratie » !
Notre « démocratie est en danger » ! Nous vivons dans une « démocratie ». Etc.
Que n’entendons-nous pas ces affirmations à longueur de temps dans la bouche de nos politiques, des journalistes et des bons citoyens ? Ces derniers qui croient encore que leurs ancêtres se sont battus pour avoir le droit de choisir leur maître, acte qu’ils appellent tous « voter » et qui serait le garant du fait que nous soyons bel et bien dans une démocratie.
Non, la France n’est pas une démocratie
L’ami Etienne Chouard a, bien longtemps avant moi, démontré l’arnaque du procédé visant à nous faire croire que nous sommes en démocratie. Mais il n’arrive pas à sortir sa défense du RIC du mot France. Il n’arrive à raisonner que dans la limite de la France.
Il y a pour moi un paradoxe dont j’ai déjà pu échanger avec lui. Je lui avais même transmis une note sur la question. À l’époque, il animait encore une émission sur Sud Radio et avait envisagé un débat avec François Asselinau, parce que je soutenais que les régions historiques (Alsace, Bretagne, Corse, etc.) étaient des échelons utiles et nécessaires de la démocratie, alors que François Asselinau dénonce justement le régionalisme, y voyant l’un des axes des mondialistes pour diviser les États-nations (et je partage son point de vue pour les 13 nouvelles régions françaises). Hélas, Etienne Chouard a quitté la radio et nous en sommes restés là.
Sortir du carcan “France”
Il est clair que pour un Français il est difficile de raisonner autrement que dans un cadre « français ». Au contraire, nous, Alsaciens, qui plus est du sud Alsace, sommes aux frontières de deux pays fédéraux, l’Allemagne et la Suisse (en réalité, si l’on considère qu’un pays c’est un drapeau, un hymne, une constitution, un parlement et un exécutif, alors, nous sommes voisins de 5 pays. Pour le sud Alsace : Bade Wurtenberg, Bâle-Ville, Bâle-Campagne, Soleure et Jura — pour toute l’Alsace, on rajoute la Rhénanie Palatinat soit six pays qui bordent l’Alsace), ce dernier pays étant aussi réputé pour son système bien plus démocratique que celui de la France.
Qu’est-ce qu’une démocratie ?
Pour en parler, il faut nous mettre d’accord sur la notion de démocratie. Qu’est-ce qu’une démocratie ?
L’individu, à la racine de la démocratie
C’est un système qui permet à chacun de donner son avis sur la vie en collectivité. Mais pour bien comprendre de quoi on parle, il faut partir de l’individu lui-même et des dilemmes quotidiens qu’il doit gérer dans sa propre vie et de ce débat permanent qu’il a en lui-même. Par exemple, « J’ai envie de manger des frites, mais je sais que c’est mauvais pour mon poids et ma santé ». Le choix qu’il fera entre manger des frites ou pas, dépend de lui seul. Nous le constatons au quotidien, notre simple vie interne est déjà un débat démocratique entre deux « moi ».
La cellule familiale, seconde racine de la démocratie
Le niveau supérieur à l’individu, c’est celui de la cellule familiale vivant ensemble au quotidien. C’est le premier échelon où l’on confronte sa volonté avec celle des autres et où l’on apprend à gérer des frustrations. Très souvent, dans une famille normale, il y a une forme de processus démocratique permanent. Par exemple quand la Maman fait à manger, elle pourra se dire : « je vais faire des frites, je sais que tous aiment bien ça ». C’est une forme de processus démocratique, car elle intègre et anticipe le vote des membres de la famille. Soulignons que c’est aussi à ce niveau que le respect de l’autre commence à s’imposer. C’est un élément essentiel et crucial pour une démocratie fonctionnelle et efficace.
La troisième racine
Vient ensuite le niveau de la famille au sens large, des amis, des connaissances, etc. Là aussi, il y a un processus démocratique qui s’exerce, dans le respect de chacun. Par exemple, une bande de copains qui discutent de la prochaine sortie. Chacun donne son avis et une décision est prise. Certains décideront peut-être de ne pas se joindre au groupe pour des raisons qui leur sont propres, mais sans remettre le groupe en cause.
Le premier échelon de la démocratie
Enfin arrive le premier échelon « externe » de la démocratie. Il s’agit bien entendu de la vie communale ou, pour les grandes villes, de la rue ou du quartier. Là, le respect est indispensable, car il est normal que les attentes des uns soient différentes, voire opposées aux attentes des autres. Il faut pourtant parvenir à vivre ensemble et à faire progresser la commune, le quartier ou la rue pour le bien-être de tous.
Ainsi, dans une démocratie, la cellule de base du vivre ensemble est la commune, car c’est là qu’on peut le mieux s’exprimer, partager, s’opposer (dans le respect) et décider. C’est aussi là qu’il y a un nombre d’individus qui permet à une décision de faire sens et d’être acceptée sans remettre la cohésion du groupe en question, parce qu’on se connait et on se respecte. Du fait des traditions, de la culture commune, de l’histoire et de la langue, on trouve aussi des choix beaucoup plus restreints dans les solutions proposées à une problématique posée.
À l’inverse des échelons nationaux, qui comptent beaucoup plus d’individus, de traditions, de cultures, avec des histoires et même des langues différentes, on aura beaucoup plus de possibilités de choix dans une décision à prendre et forcément beaucoup plus de mécontents.
La subsidiarité
En réalité, cette réalité, tellement évidente, est reconnue par les instances politiques et ça porte même un nom un peu barbare et dur à prononcer : la subsidiarité. C’est un principe qui consiste à admettre que le meilleur échelon pour régler un problème est celui de l’entité compétente la plus proche de ceux qui sont directement concernés par cette action. Autant le dire de suite, la France a énormément de mal avec cette idée. Dans une royauté, c’est le Roi, incarnation vivante de Dieu, qui est le seul et l’unique échelon absolu pour prendre les bonnes décisions. Les gueux des provinces sont bien incapables de savoir ce qui est bon pour eux.
Le secret de la démocratie suisse
Au contraire, l’un des secrets de la démocratie suisse réside là : le pouvoir s’élève des communes vers l’état fédéral. C’est une bonne base, mais il y a des bases complémentaires et des erreurs à ne pas commettre, citons, par exemple, la subrogation du doit national ou droit international. C’est le cheval de Troie des mondialistes.
Le paradoxe démocratique
J’en reviens au paradoxe dans la démocratie du RIC qu’Etienne Chouard appelle de ses vœux. En effet, si l’échelon de base est la commune, et c’est Etienne Chouard qui m’a prendre conscience de cette réalité, alors de choix de la méthode de gouvernance et des alliances doit être le fait de la commune. Or, si l’on se place dans une petite commune comme Leymen, ou dans une petite ville comme Saint-Louis, le choix des habitants de ces communes ne serait peut-être pas spontanément d’intégrer un État-nation, mais au contraire, d’essayer d’œuvrer à la mise en place d’une structure plus adaptée, plus inclusive et plus respectueuse de chacun.
Le paradoxe est donc de prôner une démocratie en imposant à l’échelon de base de cette démocratie le carcan d’un État-nation qui, par définition, est presque antinomique avec la démocratie.
Note de l’auteur : cet article est le premier d’une série assez fournie sur la démocratie. N’hésitez pas à le commenter et à dialoguer, c’est ainsi que l’on s’enrichit.
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